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12/03/2013

TARIQ RAMADAN SUR LA PLACE DE LA FEMME DANS LES SOCIETES MUSULMANES

SudOnLine - Le Portail de Sud Quotidien SENEGAL | «Tout le contraire de l'Islam»



TARIQ RAMADAN SUR LA PLACE DE LA FEMME DANS LES SOCIETES MUSULMANES

«Tout le contraire de l'Islam»

Ibrahima DIALLO | 12/03/2013 | 02H53 GMT







Dans le cadre du Colloque international des musulmans de l’espace francophone (CIMEF), une conférence a été organisé à l’auditorium de l’UCAD II, hier lundi 11 mars avec pour thème: «Ethique, gouvernance et paix: quelles contributions de la pensée islamique?». Occasion pour son animateur, le professeur Tariq Ramadan, membre du Comité scientifique permanent du CIMEF de dénoncer l’enfermement culturel de la femme dans le monde majoritairement musulman contrairement aux principes de l’Islam qui libère cette dernière.

La cérémonie officielle de lancement du processus de préparation de la septième édition du Colloque international des musulmans de l’espace francophone (CIMEF) prévu à Dakar  du 23 au 26 août prochain a eu lieu hier lundi 11 mars. Dans le cadre de cette rencontre, l’UCAD II a abrité une conférence sur «Ethique, gouvernance et paix: quelles contributions de la pensée islamique?».  L’animateur de la rencontre, revenant sur la condition de la femme dans le monde musulman, a relevé que souvent dans toutes les sociétés qui étaient sous la colonisation, le discours véhiculé est celui de la femme en danger.
Pour Tariq Ramadan, de tout le temps, dans toutes les colonisations, par rapport au colonisateur le discours est: «attention la femme est en danger». Ce qui fait qu’elle devient alors «l’objet de tous les interdits, toutes les prohibitions. Tout se joue là». Or dans la tradition musulmane ce à quoi invite le Coran «c’est non pas enfermer la femme, mais à la libérer des enfermements culturels, de ceux qui tuaient les filles, de ceux qui décidaient pour la femme, de ceux qui ne lui donnaient pas d’héritage. C’est la libérer de ces attitudes qui consistaient à penser que la femme était une citoyenne de seconde zone. Donc l’Islam est venu avec un message de libération».
Dès lors, dans notre attitude psychologique qui est celle de protection, de restriction, d’interdit il est nécessaire de repenser l’éthique dans la confiance. Pour cela, il faut sortir de ce carcan qui consiste en la façon dont on lit les livres et les textes, la façon dont on parle d’illégal, «pour se distinguer de l’autre ou pour se réconcilier avec soi-même. Quand on se réconcilie avec soi on vient de la confiance et dans la permission. Quand on se distingue de l’autre on vient dans le carcan, l’interdit et le légaliste fermé».
C’est pourquoi, Tariq Ramadan reste convaincu que  la première des libérations est celle psychologique et intellectuelle dans la conscience musulmane contemporaine. Il ne s’agit pas de «changer les textes, le Coran ne changera pas, la tradition du Prophète (Psl) ne changera pas. Ce qui doit changer c’est nos têtes, c’est notre façon de lire, c’est notre façon de comprendre les défis contemporains». Et de souligner que «nous sommes intellectuellement aliénés car nous avons donné la possibilité d’être intellectuellement aliénables».



TARIQ RAMADAN SUR L’ETHIQUE MUSULMANE

L’Islam n’est pas que punition, prohibition et culpabilité

Ibrahima DIALLO | 12/03/2013 | 02H52 GMT






Dans les sociétés majoritairement musulmanes comme celle du Sénégal, le discours musulman se focalise sur des éléments qui sont «soit de la punition, soit de la culpabilité, soit de la prohibition, et non pas un discours qui est fondé sur l’essence de l’Islam, sur sa lumière, sur son ouverture et sur ses objectifs». Tariq Ramadan se veut clair.
Selon lui, c’est un problème intellectuel et psychologique. Et dans pareille situation, le premier réflexe est celui de protection (protéger notre religion) basé souvent sur trois sphères dont celle systématiquement qui consiste à «mettre en avance la loi, c’est-à-dire: ça c’est juste, ça c’est faux, ça c’est halal (licite), ça c’est haram (illicite). On en vient aux règles, au formalisme, à ce qui va nous protéger de l’autre: eux ils font ça, nous ne nous le permettrons pas. Donc on est dans un rapport très légaliste».
L’autre réflexe, à son avis, c’est celui, quand on se sent dominé, quand en position d’acculé, de victime dans les périodes coloniales. «Quand on se sent en danger psychologiquement ou dans le monde actuel, non seulement on est légaliste, mais ce qui va prendre le dessus, c’est l’interdit.  Et le mot qu’on voit apparaitre chez des jeunes qui se forment est très rapidement le mot «haram» (ce n’est pas permis). Donc cette attitude psychologique dit : «je suis plus moi, que je te montre à toi que ce que tu fais, toi est interdit chez-moi».

Or, précise Tariq Ramadan, cette attitude psychologique est très problématique parce que l’Islam est une religion beaucoup plus d’ouverture, beaucoup plus sereine par rapport au monde. Aujourd’hui, «contrairement à tous les interdits des religions précédentes, il vous est permis et vous est offert toutes les possibilités et toutes les bontés de Dieu parce que le premier principe en Islam c’est la permission, ce n’est pas l’interdiction».

Mieux, il note que, face au discours tout à fait maladroit, mal placé, en considérant très mal toute l’histoire africaine, «la seule vraie réponse qui doit être la nôtre, la vôtre, en tant qu’Africains, c’est celle de montrer que non seulement vous êtes dans l’histoire, mais que vous être en train de la faire et vous allez faire l’avenir. Que l’Afrique, que cette conscience qu’est la vôtre à partir de vos références, de vos racines n’a pas forcément besoin de répondre à l’image que l’on se fait d’elle à partir de l’occident. Elle a besoin de répondre par l’image venant d’ici. C’est ici que les choses se jouent».

Donc, «au lieu d’être les victimes d’un discours de la France, soyez les sujets de la libération africaine, c’est-à-dire de la présence, de la dignité, de l’avenir. Ça c’est votre réponse. Ce n’est pas une réponse verbale, c’est une réponse concrète, d’être humain, de pratique, de réalisation».


LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, PROBLEMES D'EDUCATION, RAPPORTS SOCIAUX…

L'alternative de la pensée musulmane

Ibrahima DIALLO | 13/03/2013 | 04H00 GMT

 


En perspective de la 7ème Edition du Colloque international des musulmans de l'espace francophone (CIMEF) prévue en août prochain au Sénégal, le professeur Tariq Ramadan membre du comité de coordination du CIMEF a animé une conférence à l'Université de Dakar «Ethique, gouvernance et paix: quelles contributions de la pensée islamique?». A cette occasion, le conférencier a abordé entre autres sujets la corruption, la crise de l'éducation, et la presse.
 
Parlant de bonne gouvernance, Tariq Ramadan relève qu’il appartient au Sénégalais de changer leur pays. «Si l’on veut reformer le Sénégal, et bien c’est les sénégalais qui doivent se reformer, et qui doivent travailler là-dessus. Quand tu regarde le pouvoir et que tu dises: vous êtes tous des corrompus alors que toi tu viens de corrompre le policier de la circulation, tu fais parti du monde des corrompus. Car la corruption ne se mesure pas à combien tu as volé, mais à combien tu peux voler» en ce sens qu’une personne bien placée, «peut voler des millions et toi ne peut voler que quelques centaines» de F Cfa.
Le conférencier va plus loin en soulignant que la corruption qui traverse l’Afrique. A son avis, sur le contient les plus grand corrompus sont des Africains. «La corruption qui traverse l’Afrique, ne vient pas forcement d’ailleurs. Elle vient des africains eux-mêmes». Donc «le problème est aussi ici», dénonce-t-il avant d’inviter à refuser cette corruption. «A partir d’un certain moment il faut refuser la corruption, (…) la corruption élémentaire, la corruption ordinaire». Selon lui, la première des corruptions «c’est de parler dans le dos des gens. C’est une corruption intellectuelle. Il y a aussi la corruption financière, celle du quotidien etc.»

Dans un autre volet, Tariq Ramadan montre que qu’aujourd’hui les musulmans et musulmanes, ont un gros problème avec l’éducation, «parce que nos système d’Etats son problématiques. On a un vrai problème de justice social dans nos cursus scolaires. Un problème de contenu». A l’en croire, si dans notre ce pays, il y a des sénégalais qui «ne connaissent pas bien leur religion, je suis désolé, vous ne pouvez pas dire que vous n’avez pas les moyens d’accéder à une information et à la connaissance. Il faut arrêter la pensé victimaire. Il faut dès aujourd’hui ce prendre en charge, en éducation. Il faut reformer d’abord l’éducation personnelle, le temps que chacun de nous donne à son éducation personnelle d’un point de vu Islamique, parce que nous sommes dans une situation psychologique de dominés, nous donnons un enseignement islamique strictement sur les règles et non sur les contenus. L’on apprend aux jeunes comment prier, mais on ne lui apprend pas pourquoi au fond sa prière doit se faire avec le cœur». 

D’ailleurs, «comment on enseigne l’Islam est l’un des grands défis de notre époque. Beaucoup le savent mais ne l’appliquent pas dans leurs familles et dans leurs enseignements. Les premiers responsables de l’état de l’éducation dans nos sociétés, c’est vous d’abord. Vous pouvez critiquez tous les savants de la planète, mais au bout du compte si vous, avec vos familles vos enfant et vous-même, vous ne faites pas le travail de réconcilier votre tradition avec une éducation sur les contenus, sur le sens et les objectifs, alors vous ne pourrez vous en prendre qu’a vous même. Aussi, le jour du jugement dernier, vous ne trouverez pas d’excuses en indexant les imams et autres. Vous savez ce qui vous manque. Quand on le sait, on se réveil», conseille-t-il.
 
Dire ce qui va, la responsabilité éthique du journaliste

S’adressant aux professionnels des médias qualifiés de médiateurs, Tariq Ramadan invite à un partenariat pour le changement des comportements. «Journalistes, vous êtes des partenaires de ce qu’on est en train de faire, (…) des citoyens et citoyennes qui ont une responsabilité. A partir d’un certain moment vous êtes des médiateurs et ce que vous dites du monde à un impact sur les gens. Vous avez une responsabilité éthique en tant que journalistes». C’est pourquoi il faut «arrêter de nous parler toujours de ce qui ne va pas, dites ce que les gens font de bien. Dites  aussi ce qui est positif de l’activité humaine, quelque chose qui soit la grandeur de ce que nous sommes et non pas les problèmes de ce que certains font. Ayez ce courage là comme si journalistes, vous êtes aussi médiateurs».

Suffisant pour qu’il en appelle à repenser l’éthique. Pour cela, il convient de «réconcilier au nom de cet éthique la dimension de la loi parce qu’on la respecte et la dimension du cœur parce qu’on l’approfondit». Car le but ultime de l’Islam c’est la justice. «Dieu demande la justice et l’excellence qui est parfois pardonner. Nous n’adorons pas la justice qui un moyen de croire, de la paix intérieure. L’élément essentiel dans l’Islam c’est la pacification de l’être et la pacification sociale. Nous sommes des agents de paix».

Dès lors, il faut avoir un avoir un rapport de révérence avec Dieu le créateur, donc un rapport de service vis-à-vis des créatures. Et «la première personne que vous devez servir c’est toujours soi, en prenant soin de soi «c’est-à-dire se regarder dans une glace et se dire qu’est-ce je néglige de moi, de mon cœur, de mon intelligence. Prendre soin de soi, c’est prendre soin de sa mère, de son père, de ses enfants, de ses voisins, de sa société. C’est ça la réconciliation, l’éthique au quotidien. Se demander est-ce Dieu c’est l’ami de mon cœur ou le juge de mes fautes? Et de conseiller : «faites au Sénégal que ce soit l’ami des cœurs et non le juge des fautes, même s’il jugera les fautes, mais il est d’abord l’ami des cœurs, comme Il (Dieu SWT) nous l’a dit: «Ma Miséricorde précède ma colère», conclut-il.
 

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