99 Names of Allah (swt)

01/09/2015


 

Allé Diouf, ingénieur en génie civil: "Les mosquées présentent des dangers en période hivernale"
On construit n'importe comment au Sénégal, c’est l’avis d’Allé Diouf, ingénieur en génie civil, pour qui on n’a pas fini d’entendre des cas d’effondrement d’immeubles ou de toits. L’expert attire particulièrement l’attention sur les mosquées qui constituent, à ses yeux, les édifices les plus vulnérables.

Quelle est la vulnérabilité des bâtiments face aux inondations?
Quand on parle d'inondations, ce sont dans des zones inondables. Et dans ces zones, les bâtiments subissent des envahissements des eaux jusqu'à des hauteurs qui peuvent souvent produire des effets néfastes sur la construction. Mais, cela relève un peu de la qualité de la construction. Si celle-ci est bonne, les inondations peuvent être une gêne pour ceux qui occupent la construction. Mais si la qualité fait défaut, il y aura forcement des dommages sur la construction.

Et à quelle hauteur l'eau peut-elle endommager les constructions?

Au Sénégal, on a l'habitude d'entendre des bâtiments qui s'effondrent durant l'hivernage. Ces bâtiments là sont des ouvrages qui sont construits avec des matériaux qui ne sont pas de très bonne qualité. Cela peut être dans des zones où les fondations ne sont pas tellement profondes. Cela peut être des structures légères où du fait des écoulements des eaux qui mettent les fondations à nu et peut même les emporter. Cela crée des zones de fragilité qui fait que le bâtiment peut s'écrouler à tout moment.

C'est quoi le contexte réglementaire de construction en zone inondable?

Il n'y a pas de contexte réglementaire. Il ne doit pas normalement y avoir de zones inondables. On ne peut pas définir une norme en zone inondable. Les normes de construction sont définies de façon universelle. Mais, quand on doit construire, il y a des précautions à prendre. Tout dépend d'abord de la viabilisation du terrain dans lequel on doit construire. Déjà, quand on parle de construction, c'est dans des espaces viabilisées c'est à dire que toutes les dispositions pour que la zone soit habitable doivent être prises. Et il doit y avoir des réseaux aussi bien électriques que pour l'évacuation des eaux et il faut qu'elles aillent le plus loin possible. S'il y a des manquements par rapport à ces dispositions, c'est là où il y aura des conséquences. Et c'est ce que nous vivons actuellement. Normalement, dans des zones habitables, il doit y avoir des dispositions telles que lorsque les pluies arrivent cela ne doit pas poser de désagréments. Seulement, il y a des zones habitées par des gens qui n'ont pas beaucoup de moyens, et qui ne sont pas forcément viabilisées. Les gens se débrouillent pour construire et ce sont des taudis qui y sont érigés. Même si c'est un bâtiment en dur, c'est un taudis parce qu'il n'y a aucune règle de construction qui est respectée. Les gens se débrouillent tout juste pour avoir un toit. Et le toit est souvent mal supporté. La construction n'est pas aussi chère que cela, mais elle n'est pas à banaliser. Les coûts doivent être prévus à la construction pour pouvoir être en sécurité. Le plus souvent lorsque que les bâtiments tombent, ce sont les toits qui s'écroulent.

A quoi cela est-il dû?

Le plus souvent, ce n’est pas l'hivernage qui crée les désastres. Ce sont les toits des bâtiments qui s'affaissent qui posent problème et qui tuent. Et ce genre de problème ne survient pas seulement dans les zones inondables, mais c'est le problème de beaucoup de bâtiments au Sénégal. Et c'est là que les gens doivent prendre conscience. Ces dernières années, on a vu des mosquées dont les toits s'effondrent. Ces bâtiments ne tombent pas tout seuls, c'est parce qu'il y avait des signes avant. Et cela prend quelques années, avant qu'ils ne tombent.
Aujourd'hui, les endroits les moins sûrs ce sont les mosquées. Ce sont des endroits qui concentrent beaucoup de monde. Ce sont des endroits qui reçoivent du public et dans un pays à 95% de musulmans, elles doivent être sécurisées. Et le drame c'est que ce sont les endroits les plus mal construits. Le plus souvent, ce sont des œuvres où chacun apporte ce qu'il peut. On doit pouvoir s'organiser pour qu'elles soient mieux faites que là où nous habitons. Les toits ne tiennent pas et les constructions sont mal faites.

Quels sont ces signes?

Quand l'hivernage arrive et que les dalles ne sont pas protégées, il n'y a pas d'étanchéité. En général il y a, des produits qui sont destinés aux dalles de la terrasse qui sont des produits industriels fabriqués. Toutes les dalles qui sont exposées doivent être couvertes par ces produits. Les gens construisent même de belles maisons et se passent de ces produits. Quand l'eau tombe, il y a une partie qui s'infiltre et qui reste. Ce qui crée des fissures dans les murs. Quand les gens vont prier, ils voient l'eau qui suinte et c'est là où le danger commence. On ne doit pas attendre que l'eau suinte dans les dalles. Le processus de dégradation peut durer 10 ans mais ça finit toujours par s'écrouler

Est-ce qu'il y a un cadre réglementaire qui régit les constructions?

Non. Je ne connais pas un cadre qui s'impose aux gens qui construisent.

Vous voulez-dire qu'il est permis de construire comme on veut au Sénégal?

C'est ce que tout le monde fait. On construit n'importe comment au Sénégal. C'est visible aux Parcelles Assainies et dans d'autres quartiers. Personne ne contrôle les constructions. Il y a un service qui existe, qui fait le tour et qui fait visite des chantiers pour voir si les gens ont des autorisations de construction ou pas. Mais, cela ne se fait pas partout. Il y a un code de l'urbanisme, un code de la construction qui est appliqué, mais qui n'est pas encore en vigueur. Il y a le Descos qui est dirigé par les militaires, mais les gens ne sont pas inquiétés, ils construisent comme ils veulent. Il n'y a pas d'entrepreneur dans les chantiers. Bien souvent, c'est un ouvrier qui fait office d'entrepreneur. A Dakar encore, il y a quelques contrôles, mais dans les régions c'est pire. On voit des constructions partout sans aucun contrôle.

Que conseillez-vous dans ces conditions?

Nous y avons tous une part de responsabilité. Quand on identifie un bâtiment qui suinte, on doit pouvoir aviser les autorités, parce que c'est un danger que nous courrons tous. Encore, il faut s'assurer de l'étanchéité des bâtiments, ne pas acheter n'importe quel produit. Vous pouvez appeler et prendre conseil gratuitement sur les produits à utiliser. Cela ne coûte absolument rien.
Mais est-ce que cela ne risque pas d'installer une culture de délation entre voisins?

Non pas du tout. Il ne faudrait pas voir les choses ainsi. Les bâtiments qui s'écroulent présentent un danger pour nous tous. Donc, lorsque l'on sent que la maison de son voisin est en danger, le mieux à faire c'est de prévenir les autorités compétentes parce que le toit peut même s'écrouler sur vous. Le danger est permanent et peut survenir à tout moment. Il faut prendre les mesures idoines. Mais, j'interpelle surtout les gens sur le cas des mosquées. Ce sont les lieux qui présentent le plus de danger surtout en cette période hivernale. Je tiens à interpeller les gens particulièrement sur ça. Si vous voyez les toits des mosquées qui suintent, il faut prévenir le plus vite possible.

Lala Ndiaye-Senewebnews




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