"Hello, Mister Ramadan ! Alors, qu'est-ce que j'entends ? Une grave atteinte a été portée à votre réputation ?"
Hilare, David Miliband, ancien chef de la diplomatie britannique,
traverse l'une des somptueuses salles du Palazzio Vecchio, à Florence,
ce vendredi 10 mai, et se dirige la main tendue vers Tariq Ramadan pour
le saluer. Tariq Ramadan est, en France, notre pestiféré préféré, mais
pour les Britanniques, y compris ceux de l'establishment, il est d'abord
professeur d'études islamiques contemporaines à Saint Antony, l'un des
meilleurs collèges de l'université d'Oxford. Tariq Ramadan sourit. Tout va bien pour lui. Loin d'être écorné, son
statut de star a été renforcé par la décision du ministre de l'intérieur
français, Manuel Valls, d'annuler à la dernière minute sa participation
à la conférence "L'état de l'Union" organisée à Florence par l'Institut
universitaire européen (EUI), en raison de la présence de l'islamologue
suisse parmi les orateurs invités. S'alignant sur la position de son
collègue, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, a,
comme lui, renoncé à venir. Ni l'un ni l'autre ne devait partager une
tribune avec Tariq Ramadan, qui intervenait aux côtés du chercheur
français Olivier Roy et d'autres experts européens dans un panel
restreint sur le thème "Migration, identité et intégration". Mme
Vallaud-Belkacem devait intervenir en séance plénière sur la question de
la gouvernance démocratique en Europe aux côtés, notamment, de David
Miliband et du nouveau vice-premier m...