Salam,
al khilasu az zahab est un poème de l'érudit el Hajj Malick Sy at Tijani. Il s'agit d'une biogrphie détaillée de la meilleure des créatures
S'agissant de l'auteur
Il est né aux environs de 1855 dans le Futa au Sénégal. Il passa sa jeunesse à mémoriser le Coran auprès de son oncle comme il était courant à cette époque. Vers l’âge de 18 ans il fut initié à la tijaniyya et adopta la méthodologie spirituelle du saint, le Shaykh Ahmad at-Tijani qu’Allâh l’agrée et lui accorde les plus hautes stations du Paradis. Il se lança à la recherche de la science au Sénégal et en Mauritanie. Il étudia des ouvrages de référence de la Loi islamique selon le rite l’Imâm de Médine, le savant Malik ibn Anas qu’Allâh l’agrée. C’est en effet la doctrine juridique la plus répandue en Afrique Occidental. Il obtint la maîtrise et la permission d’enseigner des livres comme al Akhdari (livre sur al purification et la prière), la Risala d’ibn Abi Zayd al Qayrawani (qu’Allâh lui fasse miséricorde), le livre de dogme ash’arite (‘aqida) du Shaykh Muhammad ibn Yusûf al Sanusî (qu’Allâh lui fasse miséricorde), l’ouvrage du Shaykh Sâwi basé sur le tafsir al Jalalayn d’as Suyuti (qu’Allâh leur fasse miséricorde à tous les deux) ainsi que d’autres livres dans les domaines de l’arabe, la grammaire, la logique, le hadith et d’autres sciences.
Il fût aussi le titulaire de plusieurs permissions dans le champ de la spiritualité par des maîtres Sénégalais, et Maures. L’une de ses permissions lui fût octroyée avant même sa naissance par le Mujahid, le shaykh Al Hajj ‘Umar Tall qu’Allâh l’agrée à qui Allâh a fait savoir, lors d’une visite chez le père de Malik Sy. Il prédit qu’allait naître dans ce foyer un enfant béni. Il obtint aussi la reconnaissance des maîtres de Mauritanie descendants du Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa salâm). Sa chaîne spirituelle remonte ainsi au Shaykh Ahmad at-Tijani, qu’Allâh l’agrée, par les pieux maîtres Muhammad al Hafiz ash-Shinqiti et Muhammad-al-Ghali al Hassani, qu’Allâh les agrée.
Son cursus terminé, il s’attela à l’éducation et au prêche afin d’appeler les gens de son pays à suivre Allâh et Son Messager (sallallâhou ‘alayhi wa salâm). En parallèle, il exerçait des travaux manuels afin d’assurer sa subsistance. Au bout de quelques temps, il décida d’accomplir son Pèlerinage à la Maison Sacrée (puisse Allâh nous permettre d’y reposer). De retour, il continua avec encore plus de ferveur son rôle de prêcheur et de guide.
Al Hajj Malik Sy, qu’Allâh l’agrée, a vécu en plein contexte de colonisation. Suite au djihad d’al Hajj ‘Umar Tall (qu’Allâh l’agrée), qui a eu pour conséquence d’islamiser une bonne partie des habitants de cette région autrefois animistes, les Français en avaient pris le contrôle. La supériorité militaire de ses derniers empêchait toute riposte efficace. Ce qui a d’ailleurs provoqué de nombreux débats entre les savants de la région, certains étant pour la guerre, tandis que d’autres, s’étant rendu à l’évidence, ont cherché des moyens de lutte plus pacifiques, évitant ainsi que le sang de musulmans ne soit versé inutilement. C’est parmi ses derniers qu’al Hajj Malik Sy s’était rangé. Les Français ayant colonisé le pays, il fallait lutter pour que l’identité culturelle, et surtout, religieuse des Sénégalais ne soit pas mise en péril. Cette précision est nécessaire pour comprendre la stratégie globale du shaykh.
Al Hajj Malik Sy mettait l’accent sur la nécessité de suivre la Loi avant même de s’adonner à quelconque éducation spirituelle. Il était très critique à l’égard des soi-disant érudits de son époque qui ne recherchaient que la gloire, la richesse et les biens de ce monde. Il fustigeait le comportement de ceux quoi s’adonnaient à leur passion plutôt qu’à la Sunnah, en se plaçant au-dessus des lois, se permettant d’épouser plus de quatre femmes, de semer la division, de se faire passer pour des saints, qui utilisaient des procédés douteux proches de la sorcellerie… Pour toutes ces raisons, il invitait les gens à apprendre les bases de la science afin de ne pas tomber dans le piège de ces charlatans.
En matière de spiritualité, il était adepte d’un soufisme sobre, ancré dans les enseignements du Coran et de la Tradition et sur leur mise en pratique. Il aimait rappeler que toute science infuse ne se conformant pas aux sources authentiques est à rejeter. Ceci par opposition aux faux maîtres qui s’occupaient plus du nombre de leurs disciples au lieu de leur éducation spirituelle. Ces maîtres aimaient jeter la suspicion dans le cœur des foules afin d’être les seuls à être suivi. Al Hajj Malik Sy luttait contre ce genre de comportement fanatique, notamment entre les adeptes des différentes confréries (turuq). Il lui arrivait parfois de refuser l’allégeance d’un disciple affilié à une autre voie spirituelle (tariqa) car elles sont toutes sur le droit chemin disait-il. Il rappelait lui-même que si le guide spirituelle d’une personne est comparable à son père, les guides des autres voies sont ses oncles et qu’il incombe de les respecter et de ne pas sombrer dans un esprit de clan digne de la période anté-islamique.
Dans une lettre de rappel à l’ordre aux guides spirituels, son fils, le grand savant al Hajj ‘Abd al ‘Aziz Sy, qu’Allâh l’agrée, rapporte qu’un jour, un homme affilié à la voie tijaniyya à quitté sa ville proche de Kaolack est pour voir al Hajj Malik Sy afin qu’il lui transmette des invocations. A Kaolack se trouvait un savant non moins illustre, le Shaykh Al Hajj ‘Abdullâh Niasse, qu’Allâh l’agrée. Al Hajj Malik Sy répondit à son visiteur, que s’il n’avait pas enduré toute la fatigue du chemin pour le voir, il l’aurait renvoyé d’où il vient car non loin de chez lui se trouvait un savant tout aussi qualifié pour lui transmettre ce qu’il voulait.
C’est l’un des nombreux exemples de fraternité islamique dont faisait preuve le shaykh. Il n’aimait pas monnayer son savoir religieux et préférait travailler la terre afin d’assurer sa subsistance. Il invitait d’ailleurs ses disciples à faire de même.
Au niveau de son œuvre, il rédigea de nombreux livres de jurisprudence (comme al Kifayiat al Râghibin), de dogme (‘aqida), de spiritualité, de défense du soufisme et de la tijaniyya (comme Al Ifham al Munkir al Janî) ainsi que de nombreux poêmes et sermons. Sa maîtrise de l’arabe lui permis d’écrire de merveilleuses eulogies du Prophète Muhammad sallalahou ‘alayhi wa salâm, des invocations, des poêmes de conseils aux disciples, de mises en garde contre le bas monde et ses pièges, de demande de pardon, d’invocation par Les Plus Beaux Noms Divins, d’éloge de son shaykh at-Tijani qu’Allâh l’agrée… etc…
Son œuvre ne fût pas uniquement littéraire, il fût à l’origine de la construction de nombreuses écoles coraniques et mosquées. Il y faisaient accomplir l’appel à la prière et l’invocation en groupe de façon remarquable afin que les gens se souviennent d’Allâh et de la vie future et que les colonisateurs se sentent spirituellement oppressés. Le djihad d’al Hajj Malik Sy s’inscrivait dans cet optique : ne pas laisser les étrangers dominer les consciences.
C’est pour cette raison qu’il est devenu l’organisateur du mawlid au Sénégal. S’inspirant des avis favorables des savants sunnites concernant cette cérémonie, il en prit en charge l’organisation dans son pays d’origine afin de lutter contre les manifestations étrangères (comme Noël notamment), promouvoir l’islam dans le cœur de populations et surtout rendre grâce à Allâh pour nous avoir envoyé la Miséricorde des Univers (sallallâhou ‘alayhi wa salâm) et nous avoir compté parmi les membres de sa communauté.
Il rédigea de nombreux poèmes à cet effet et invita ses disciples à la récitation d’œuvre comme le chef d’œuvre de l’Imâm al Busayri : al Burdah . Il fut donc l’artisan de la systématisation de cette cérémonie dans son pays.
Il est décrit physiquement comme étant grand, longiligne au teint clair (origine peule) et au visage aux traits fins. Il n’avait pas pour habitude de se couvrir le visage comme c’était le cas des figures religieuses de l’époque. En dehors de sa très haute érudition, de sa piété, de sa réalisation spirituelle et de son charisme, son principal trait de caractère fût sans conteste son extrême humilité. Cette caractéristique est visible dans ses écrits. En effet, le shaykh préférait citer les écrits de ses prédécesseurs parmi les savants plutôt que de mettre en avant son opinion lorsque cela n’était pas nécessaire ce qui est un signe de grande politesse spirituelle (adâb). Il s’est éteint suite à une maladie en 1922.
Qu’Allâh rétribue abondamment le Shaykh al Hajj Malik Sy et qu’Il lui permette d’atteindre ce pourquoi il a œuvré. Qu’Il lui accorde, par la grâce du Prophète Muhammad (sallallâhou ‘alayhi wa salâm, des Compagnons (qu’Allâh les agrée), des Ahlul Bayt, des Awliya, des Martyrs et des savants, l’honneur de se trouver dans les plus hautes stations du Paradis ainsi qu’à ses proches et ceux qui l’aiment et l’admire. Enfin, qu’Allâh nous guide, nous pardonne nos erreurs et ne me tienne pas rigueur pour les erreurs et les imprécisions de ce texte.
Amîn.
Sources : Rappel au Muqaddam de Al Hajj ‘Abd al ‘Aziz Sy.
Al Hajj Malik Sy, Pensée et Action en 3 tomes aux éd. Al Bouraq.